Les prédicateurs devraient être sur leurs gardes, afin de ne pas substituer leurs plans à ceux du Seigneur. Ils courent le danger de limiter l’œuvre de Dieu à leur propre horizon en travaillant toujours dans les mêmes localités et en n’accordant pas aux différentes branches de l’œuvre l’intérêt qu’elles méritent. Certains d’entre eux concentrent leur esprit sur un sujet à l’exclusion de tout autre. Ils sont les hommes d’une seule idée. Toutes leurs forces se portent sur un seul sujet. Ils perdent de vue toute autre considération. Leur thème favori occupe sans cesse leur pensée et revient continuellement dans leurs conversations. Chaque fois qu’il se présente un argument à l’appui de leur thèse, ils s’en saisissent et en parlent si longuement qu’on se fatigue à les écouter.
On perd fréquemment son temps en explications sur des sujets sans importance réelle et qui ne nécessitent pas de longues démonstrations. Les réalités vitales devraient êtres mises en valeur au moyen de tous les arguments qui peuvent souligner leur importance. La puissance de concentration sur un seul sujet est jusqu’à un certain point une qualité; mais l’exercice constant de cette faculté fatigue les organes qu’elle met en jeu jusqu’à les épuiser, de sorte qu’on ne peut accomplir tout le bien que l’on devrait. En outre, toutes les parties du cerveau ne sont pas soumises à un exercice indispensable à la santé et en conséquence la vie est raccourcie.
Toutes les facultés devraient avoir leur part de travail, s’équilibrant harmonieusement l’une l’autre. Ceux qui concentrent toute la force de leur esprit sur un seul point sont déficients sur d’autres par le fait que leurs facultés ne sont pas également exercées. Leur sujet favori captive leur attention et ils vont toujours plus loin dans le même chemin. Au fur et à mesure qu’ils sont intéressés et absorbés, ils découvrent de nouvelles connaissances et de nouvelles lumières. Mais bien peu de gens peuvent les suivre, à moins de considérer le même sujet avec une égale intensité de pensée. De tels hommes courent le danger d’enfouir la semence de la vérité si profondément que la jeune et précieuse pousse n’arrive jamais à la surface.
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Certaines personnes se livrent à des travaux difficiles qui ne leur ont pas été demandés et qui ne seront jamais vraiment appréciés. La faculté de concentration ne doit pas être surestimée, sinon l’esprit manquera d’équilibre. Il en sera comme d’une machine dont seuls certains rouages travaillent sans cesse. Une partie du mécanisme se rouille tandis que l’autre s’use exagérément. Ceux donc qui exercent seulement une ou deux facultés de leur esprit ne font pas la moitié du bien que Dieu voudrait qu’ils accomplissent.
Lorsque de telles personnes ont à faire un travail déterminé qui nécessite l’intervention de leur esprit, elles ne doivent pas mettre en œuvre toutes leurs énergies mentales sur ce seul point. A côté de leur occupation principale, il faut qu’elles consacrent une partie de leur temps à d’autres branches de l’œuvre. Cela vaudra mieux pour elles et pour la cause en général. Il ne faut pas qu’une branche de l’œuvre retienne exclusivement notre attention au détriment de toutes les autres.
Certains auteurs doivent veiller constamment que leurs écrits ne rendent pas obscur ce qui est clair, en accumulant des arguments qui soient sans intérêt pour le lecteur. S’ils s’étendent fastidieusement sur certains points, énumérant tous les détails qui leur viennent à l’esprit, ils perdent à peu près leur temps et leur peine. L’intérêt du lecteur ne sera pas suffisant pour aller jusqu’au bout d’une telle démonstration. Les vérités essentielles peuvent être obscurcies par la masse des détails. On a certes approfondi le sujet, mais le travail fourni n’aura pas tout le résultat qu’on en attendait parce qu’il n’a pas éveillé l’intérêt général.
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A notre époque, alors qu’une littérature séduisante attire les esprits, la vérité doit être présentée dans un style facile, avec l’appui de quelques preuves solides. Cela vaudra mieux que de creuser afin d’arriver à un déploiement irrésistible d’évidences, car beaucoup d’esprits ne peuvent discerner clairement la lumière après qu’on leur a énuméré toutes les objections et tous les arguments qui s’y rapportent. Pour beaucoup de gens, une affirmation vaut mieux qu’une longue démonstration. Ils sont prêts à s’incliner et les arguments sont superflus en pareil cas.*