Dans la mesure où l’amour du Christ remplit nos cœurs et dirige nos vies, la convoitise, l’égoïsme et l’amour de nos aises seront vaincus et nous mettrons notre plaisir à faire la volonté du Christ, dont nous prétendons être les serviteurs. Notre bonheur sera proportionné à nos œuvres désintéressées et inspirées par l’amour du Sauveur.
La sagesse divine a établi, dans le plan du salut, la loi de l’action et de la réaction, entraînant une double bénédiction pour l’œuvre de la bienfaisance dans toutes ses ramifications. Celui qui donne aux nécessiteux leur est en bénédiction et il est béni lui-même dans une plus grande mesure encore. Dieu aurait pu atteindre son but en sauvant les pécheurs sans l’aide des hommes; mais il savait que ceux-ci ne pouvaient être heureux sans participer à la grande œuvre qui les amènerait à cultiver le renoncement et l’amour du prochain.
Pour que l’homme ne soit pas frustré des fruits bénis de la charité, notre Rédempteur conçut le plan qui consiste à enrôler chaque individu dans les rangs de ses collaborateurs. Par un enchaînement de circonstances qui doivent faire naître les œuvres charitables, Jésus accorde à l’homme le meilleur moyen de cultiver la bienveillance en lui faisant prendre l’habitude d’aider les pauvres et de faire avancer sa cause. Il envoie ceux-ci comme ses représentants. Par le fait de leur indigence, ceux qui sont dans la détresse nous amènent à faire usage de nos talents, c’est-à-dire de nos biens et de notre influence, afin que nous leur parlions de la vérité dont ils ont le plus urgent besoin. Lorsque nous répondons à ces appels par notre travail et nos actes charitables, nous sommes rendus semblables à celui qui, pour notre salut, s’est fait pauvre. En donnant, nous sommes en bénédiction aux autres et nous entrons en possession des vraies richesses.
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Les biens de ce monde et les trésors célestes
L’Eglise a beaucoup manqué de charité chrétienne. Ceux qui étaient le plus à même de faire avancer la cause de Dieu ne se sont que bien faiblement acquittés de leurs devoirs. Dieu, dans sa miséricorde, a communiqué la connaissance de la vérité à une certaine classe de personnes afin qu’elles puissent apprécier sa valeur infinie en comparaison des trésors terrestres. Jésus leur a dit: “Suivezmoi.” Il les met à l’épreuve en les invitant au souper qu’il a préparé. Il les observe afin de voir quel caractère elles manifestent et se rendre compte si elles estiment leurs intérêts égoïstes plus que les richesses éternelles. Un bon nombre de ces personnes imitent par leurs actes ceux qui s’excusèrent comme dans la parabole suivante:
“Un homme donna un grand souper, et il invita beaucoup de gens. A l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés: Venez, car tout est déjà prêt. Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui dit: J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir; excuse-moi, je te prie. Un autre dit: J’ai acheté cinq paires de bœufs, je vais les essayer; excuse-moi, je te prie. Un autre dit: Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller. Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison irrité dit à son serviteur: Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.” Luc 14:16-21.
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Cette parabole représente bien la situation d’un bon nombre de ceux qui font profession de croire à la vérité présente. Le Seigneur leur a envoyé une invitation à venir au souper qu’il a préparé à grands frais. Mais leurs affaires temporelles leur ont paru d’une plus grande valeur que le trésor céleste. Ils sont invités à prendre leur part de biens qui sont d’une valeur éternelle; mais leurs fermes, leur bétail et leur foyer leur semblent tellement plus importants qu’ils résistent à l’appel divin et prétextent des affaires terrestres pour ne pas obéir à cette injonction: “Venez, car tout est déjà prêt.” Ceux qui agissent ainsi suivent aveuglément l’exemple des personnages de la parabole. Ils jettent les yeux sur leurs biens terrestres et disent: “Non, Seigneur, je ne puis te suivre; excuse-moi, je te prie.”
Les biens mêmes que Dieu leur a donnés pour les éprouver, afin de voir s’ils rendront “à Dieu ce qui est à Dieu”, ils s’en servent pour s’excuser de ne pas obéir aux exigences de la vérité. Ils s’attachent fortement à leurs trésors terrestres et disent: “Je dois m’occuper de ces choses. Je ne puis négliger les affaires de cette vie. Tout cela est à moi.” Ainsi, le cœur de ces hommes est devenu aussi insensible que les pierres du chemin. Ils ferment la porte de leurs cœurs au messager céleste, qui leur dit: “Venez, car tout est déjà prêt.” Mais ils l’ouvrent toute grande aux soucis du monde et au fardeau des affaires, laissant Jésus frapper en vain.
Le joug de l’égoïsme
Le cœur de ces gens est tellement envahi parles épines et les soucis de la vie que les réalités célestes ne peuvent trouver place en eux. Jésus invite ceux qui sont fatigués et chargés à venir à lui et leur promet le repos. Il les presse* d’échanger le joug douloureux de l’égoïsme et de la convoitise, qui les rend esclaves de Mamon, pour son joug à lui qui est doux et pour son fardeau qui est léger. Il dit: “Recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.” Matthieu 11:29. Il voudrait qu’on délaisse le lourd fardeau des soucis et de l’angoisse de ce monde, et que l’on prenne son joug, qui consiste à se renoncer et à se sacrifier pour autrui. Ce fardeau-là se révélera léger. Ceux qui refusent d’accepter le repos que le Christ offre et qui continuent à plier sous le joug pénible de l’égoïsme, chargeant leurs âmes du souci constant d’entasser de l’argent pour leur satisfaction personnelle, ceux-là n’ont aucune expérience de la paix et du repos que l’on trouve sous le joug du Christ, en prenant sur soi le fardeau du renoncement et de la charité désintéressée que le Christ a porté en leur faveur.
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Quand l’amour du monde prend possession du cœur et devient une passion dominante, il n’y a plus de place pour l’adoration de Dieu, car les plus hautes facultés de l’esprit sont esclaves de Mamon et ne peuvent plus se complaire aux réalités spirituelles. L’esprit perd tout souvénir de Dieu, il se rétrécit et s’abaisse au seul souci d’amasser de l’argent.
A cause de leur égoïsme et de leur amour du monde, ces gens ont perdu petit à petit le sens de la grandeur de l’œuvre qui doit s’accomplir dans les derniers jours. Ils n’ont pas habitué leur esprit à considérer le service de Dieu comme une affaire importante. Leurs biens ont absorbé leurs affections et leur ont caché la grandeur du plan du salut. Tandis qu’ils s’occupent d’améliorer et d’agrandir leurs affaires terrestres, ils ne voient aucune nécessité de faire des plans pour l’extension du règne de Dieu. Ils investissent leur argent dans les choses temporelles et non dans les réalités éternelles. Leurs cœurs désirent toujours plus de richesses. Dieu les a faits dépositaires de sa loi, afin que brille sur leurs semblables la lumière qui leur a été donnée si généreusement. Mais ils se sont créés de tels soucis et de tels problèmes qu’ils n’ont plus de temps pour exercer une bonne influence sur leur entourage, pour converser avec leurs voisins, prier avec et pour eux et chercher à les amener à la connaissance de la vérité.
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De telles personnes sont responsables du bien qu’elles pourraient faire et qu’elles s’excusent de ne pas accomplir parce qu’elles sont envahies par les soucis et les fardeaux dont leur esprit est plein et qui retiennent toutes leurs affections. Des âmes pour lesquelles le Christ est mort et qui auraient pu être sauvées par leur intervention et l’exemple de leur piété sont privées de la lumière que Dieu a chargé certains hommes de faire briller sur leur sentier. Mais celleci est mise sous le boisseau et elle n’éclaire pas ceux qui sont dans la maison.