L’entrave des biens terrestres
Il m’a été montré que beaucoup de gens, en divers lieux, ajoutent ferme à ferme, terrain à terrain, maison à maison, alléguant qu’ainsi ils pourront mieux aider la cause de Dieu. C’est leur excuse. Mais ils s’enchaînent euxmêmes, si bien qu’en réalité le bénéfice est mince pour la cause. Certains achètent des champs et travaillent de toute leur force pour les payer. De la sorte, ils ont tant à faire qu’il ne leur reste que peu de temps pour prier, servir Dieu et obtenir du ciel la force de résister aux tentations. Ils se mettent ainsi dans les dettes et quand l’œuvre de Dieu a besoin d’être aidée, ils ne peuvent le faire, car il faut qu’ils se libèrent d’abord de leurs dettes. Mais aussitôt libérés, ils s’éloignent encore du bon chemin; ils s’embarrassent à nouveau en acquérant d’autres biens. Ils se flattent d’agir correctement et d’employer les bénéfices pour l’œuvre du Seigneur, alors qu’en réalité ils amassent des trésors ici-bas. Ils aiment la vérité en paroles, mais non dans les actes; or, seuls, ceux-ci montrent la mesure de notre amour. L’amour du monde va grandissant, tandis que faiblit l’intérêt pour la cause de Dieu. Ils sont de plus en plus attirés par la terre et de moins en moins par le ciel. Où est leur trésor, là est leur cœur. Par l’exemple, ils indiquent à leur entourage qu’ils ont bien l’intention de demeurer ici-bas, qu’ils ont fait de ce monde leur patrie. L’ange dit: “Tu es le gardien de ton frère.”
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Beaucoup d’entre nous se sont laissés aller à des dépenses sans nécessité, simplement pour satisfaire les sens, le goût, la vue, alors que la cause de Dieu avait besoin de l’argent ainsi employé et que certains serviteurs de Dieu étaient pauvrement vêtus et gênés dans leur travail, faute de moyens. L’ange me dit: “Le temps d’agir sera bientôt passé pour eux. Leurs œuvres montrent que le moi est leur idole: c’est à elle qu’ils sacrifient.” On s’occupe d’abord de soi et l’on pense: “Suis-je le gardien de mon frère?” On reçoit avertissement sur avertissement, mais sans résultat. Le moi occupe toute la place, tout doit fléchir devant lui.
J’ai vu que l’Eglise avait presque perdu l’esprit de renoncement: d’abord “moi et mes intérêts”, et ensuite on fait pour la cause ce qu’on ne peut vraiment pas éviter de faire. Un tel sacrifice est imparfait et Dieu ne l’accepte pas. Chacun devrait faire tout ce qu’il peut pour l’avancement de la cause. Ceux qui n’ont pas de biens ici-bas, mais qui jouissent d’une bonne santé sont redevables envers Dieu de cette force. Qu’ils s’appliquent à leur travail et soient fervents d’esprit; qu’ils ne laissent pas ceux qui ont quelques biens faire tous les sacrifices. C’est leur devoir d’en faire aussi. Souvent ceux qui ont peu ne se rendent pas compte qu’ils peuvent renoncer à eux-mêmes de bien des manières: s’habiller plus modestement, céder moins à leurs goûts et à leurs appétits, et ainsi trouver davantage à épargner pour la cause, s’assurant par là un trésor dans le ciel. Il y a de la grâce et de la beauté dans la vérité; mais dépourvue de la puissance de Dieu, cette dernière est sans force.*
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Chapitre 5 — Les deux chemins
A l’Assemblée de Battle-Creek, le 27 mai 1856, j’eus une vision qui concernait l’Eglise en général. La gloire et la majesté de Dieu passèrent devant moi. L’ange dit: “La majesté de Dieu est redoutable, et vous ne vous en rendez pas compte; redoutable est sa colère, et cependant vous péchez journellement contre lui. ‘Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite… Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.’” Luc 13:24; Matthieu 7:13, 14. Ces deux voies sont bien distinctes et conduisent dans des directions opposées. L’une mène à la vie éternelle, l’autre à la mort éternelle. Je vis la différence entre elles et entre ceux qui empruntent l’une et l’autre. La première est étroite et raboteuse; l’autre est large et unie. Ceux qui s’engagent dans ces chemins diffèrent par leur caractère, leur vie, leurs vêtements et leurs propos.
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Ceux qui cheminent sur la route étroite s’entretiennent de la joie et du bonheur qu’ils éprouveront à la fin du voyage. Si leurs visages sont souvent tristes, ils rayonnent souvent aussi d’une joie sainte. Ils ne s’habillent, ne parlent, ni n’agissent comme ceux qui sont sur l’autre route. Un modèle leur a été donné. Un homme de douleur, habitué à la souffrance, a ouvert cette route et l’a parcourue jusqu’au bout. C’est un réconfort et un encouragement pour ceux qui viennent après lui de voir la trace de ses pas. En la suivant, ils marcheront sûrement, comme lui-même a marché.
Sur la route large, chacun s’occupe de sa propre personne, de ses vêtements, des plaisirs du moment. On se laisse aller à une franche hilarité, sans penser à la fin du voyage, à la destruction certaine qui approche un peu plus chaque jour. Avec une folle insouciance, on va toujours plus vite. Combien cela me parut terrible!
J’en ai vu beaucoup, sur cette large route, qui avaient ces mots écrits sur eux: “Morts au monde. La fin de toutes choses est proche. Vous aussi, soyez prêts.” Ils avaient la même apparence de vanité que ceux qui les entouraient, mais je remarquai une ombre de tristesse sur leur visage. Leurs propos étaient tout à fait semblables à ceux des personnes gaies et insouciantes qui les entouraient; mais à l’occasion, ils montraient avec un air de grande satisfaction les lettres qui étaient peintes sur leurs habits, invitant les autres à les avoir aussi. Ils étaient sur la route large, tout en professant faire partie du nombre de ceux qui cheminent sur la route étroite. Ceux qui les accompagnaient leur disaient: “Il n’y a pas de différence entre nous. Nous sommes semblables dans nos vêtements, nos paroles et nos actes.”*
Très intéressant