Suprême souffrance
Le doute lui-même assaillit le Fils de Dieu aux frontières de la mort. Il ne pouvait voir au-delà du sépulcre. La lueur de l’espérance ne lui montrait pas sa sortie du tombeau en vainqueur et l’acceptation de son sacrifice par son Père. Le péché du monde, dans toute son horreur, était ressenti à l’extrême par le Fils de Dieu. Dans les ténèbres qui l’entouraient, il ne voyait plus rien, sinon le déplaisir du Père à l’égard du péché et la mort qui en est la terrible conséquence. Il était tenté de croire que le péché est une telle offense à Dieu qu’il ne pourrait jamais reprendre sa qualité de Fils. La pensée que son Père l’avait abandonné pour toujours lui fit pousser ce cri déchirant: “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?”
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Le Christ éprouva les sentiments qui seront ceux des pécheurs lorsque surviendront les dernières plaies. Le désespoir le plus cuisant accablera leurs âmes coupables et ils comprendront alors à quel point le péché est condamnable. Le salut a été acquis aux hommes par les souffrances et la mort du Fils de Dieu. Il leur appartient à la condition qu’ils l’acceptent avec joie. Mais ils ne sont pas contraints d’obéir à la loi de Dieu. S’ils refusent le ciel, choisissent les plaisirs et les désillusions du péché, ils recevront un jour leur salaire et encourront la colère de Dieu et la mort éternelle. Ils seront pour toujours privés de la présence de ce Jésus dont ils ont méprisé le sacrifice. Ils ont changé une vie de bonheur et de gloire éternelle pour les plaisirs passagers du péché.
Dans les heures d’agonie, la foi et l’espérance du Christ chancelèrent parce qu’il n’avait plus l’assurance que son Père l’approuvait, alors qu’il l’avait toujours eue jusque-là. Auparavant, le Rédempteur n’avait cessé d’être réconforté grâce aux preuves données par son Père attestant que l’œuvre qu’il accomplissait lui était agréable. Mais au moment de mourir, c’est par la foi seulement qu’il dut se confier en celui à qui il avait toujours obéi avec joie. Il n’était pas illuminé par les clairs rayons de l’espérance. De profondes ténèbres l’accablaient. La nature souffrait avec lui, alors que le Rédempteur buvait la coupe mystérieuse jusqu’à la lie. Privé d’espoir et de confiance dans le triomphe qu’il attendait pour un avenir prochain, il s’écria d’une voix forte: “Père, je remets mon esprit entre tes mains.” Luc 23:46. Il connaissait son Père, sa justice, sa miséricorde et son grand amour; c’est pourquoi, dans une totale soumission, il s’abandonna entre ses mains. Au milieu des étonnants phénomènes de la nature, les spectateurs, effrayés, entendirent les dernières paroles du mourant du Calvaire.
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La nature, en effet, prit part aux souffrances de celui qui l’avait formée. La terre trembla, les rochers se fendirent, proclamant la mort du Fils de Dieu. Le voile du temple se déchira en deux. La terreur saisit les exécutants et les spectateurs, qui voyaient le soleil s’assombrir et ressentaient les convulsions de l’écorce terrestre. Lorsque le Christ remit son esprit entre les mains du Père, les moqueries des principaux sacrificateurs et des anciens prirent fin. La foule étonnée commença à se retirer et se dirigea à tâtons vers la ville enténébrée. Les gens se frappaient la poitrine et leur terreur était telle qu’ils n’osaient élever la voix et murmuraient seulement ces paroles: “On a fait mourir un innocent. N’était-il pas, comme il le prétendait, le Fils de Dieu?”
Tout est accompli
Jésus ne rendit pas l’esprit avant d’avoir accompli l’œuvre pour laquelle il était venu dans ce monde. Dans un souffle, il dit: “Tout est accompli.” Jean 19:30. C’était la défaite de Satan, qui sut alors qu’il avait perdu son royaume. Les anges se réjouirent en entendant ces paroles: “Tout est accompli.” Le grand plan de la rédemption, qui reposait tout entier sur la mort du Christ, avait été mené à bien. Il y eut de la joie dans le ciel parce que les fils d’Adam, en obéissant désormais à Dieu, pourraient enfin être élevés jusqu’au trône divin. Quel amour merveilleux fit descendre le Fils de Dieu sur la terre! Il devint péché pour nous, afin que nous soyons réconciliés avec Dieu et que nous puissions habiter avec lui dans de glorieuses demeures. Oh, qu’est-ce que l’homme pour qu’un tel prix ait été payé pour sa rédemption!
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Quand les hommes comprendront mieux la grandeur du sacrifice que le roi du ciel a consenti en mourant à leur place, ils exalteront le plan du salut et la pensée du Calvaire fera naître dans leurs cœurs des émotions douces et sacrées. Non seulement les cœurs, mais aussi les lèvres loueront Dieu et l’Agneau. L’orgueil et l’égoïsme ne pourront fleurir dans une âme qui se souviendra de Golgotha. De quelle valeur sera le monde pour ceux qui comprendront que leur rédemption a été acquise au prix du sang du bien-aimé Fils de Dieu? Toutes les richesses d’ici-bas n’auraient pu suffire pour le rachat d’une seule âme. Qui peut mesurer l’amour qui était dans le cœur du Christ lorsqu’il était suspendu à la croix et acceptait de souffrir pour les péchés des hommes? Cet amour était incommensurable, il était infini.