Témoignages pour l’Eglise, vol. 1 p. 351-354 Jour 087

Le frère jaloux

Le père fit du retour de son fils une occasion de réjouissance. Le fils aîné, qui était dans les champs, ne sut pas que son frère était revenu, mais il entendit les cris de joie et s’enquit auprès des serviteurs de ce que cela signifiait. On lui dit que c’était son frère, que l’on avait cru mort, et qui était revenu. Alors le père avait tué le veau gras pour l’accueillir, car voici, “il était mort, et il est revenu à la vie”.

Le fils aîné se mit alors en colère et ne voulut pas entrer pour voir son frère. Il était indigné de ce que ce frère infidèle, qui avait quitté son père et lui avait laissé, à lui, la lourde responsabilité de remplir les devoirs qu’ils auraient dû partager, était maintenant reçu avec tant d’honneurs. Ce frère avait mené une vie corrompue, il avait dépensé tout l’argent que son père lui avait donné jusqu’à en être réduit à la misère alors que lui, l’aîné, était resté à la maison, accomplissant fidèlement les devoirs d’un fils. Et maintenant, ce prodigue revenait au foyer paternel et y était reçu avec le respect et les honneurs qui ne lui avaient jamais été accordés à lui-même.

Le père pria son fils aîné d’entrer et de recevoir son frère avec joie. “Il était perdu, lui dit-il, et il est retrouvé; il a retrouvé le sens moral et déteste sa vie passée dans le péché.” Mais le fils aîné répondit: “Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras.” Luc 15:29-32.

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Le père assura son fils aîné que tout ce qu’il avait était à lui, mais qu’il était juste de s’égayer “parce que ton frère que voici était mort, et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé”. Le fait que le fils perdu est retrouvé, qu’il est revenu à la vie, efface toute autre considération dans l’esprit du père.

Cette parabole a été donnée par le Christ pour nous montrer comment notre Père céleste accueille les pécheurs repentants. C’est contre lui qu’on a péché et cependant, ému de compassion, plein de pitié et désireux de pardonner, il va à la rencontre du fils prodigue et montre toute sa joie de ce que ce fils, en qui semblait éteint tout sentiment filial, a compris la profondeur de son péché et de son indifférence, est revenu auprès de son père, appréciant son amour et reconnaissant ses droits. Le père sait que son enfant se repent de sa vie de péché et qu’il a besoin maintenant de miséricorde et d’amour. Le fils a souffert; il a senti son dénuement et il vient à son père comme vers la seule personne qui puisse le secourir.

Le retour du fils prodigue fut la source de la plus grande des joies. Les plaintes du frère aîné étaient naturelles, quoique injustes. C’est souvent ainsi que le frère accueille le frère. On s’efforce beaucoup trop de faire sentir au pécheur ses erreurs et de lui remettre en mémoire ses fautes. Ceux qui ont péché ont besoin de miséricorde. Ils veulent qu’on les aide et qu’on leur montre une vraie sympathie. Ils souffrent au fond de leur cœur, et souvent ils sont découragés et désespérés. Par-dessus toute chose, ils ont besoin d’un pardon gratuit.*

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Chapitre 61 — L’ivraie et le bon grain

Dans une autre parabole que Jésus donna à ses disciples, il compare le royaume des cieux à un champ où un homme a semé une bonne semence. Mais tandis que cet homme dormait, l’ennemi sema de l’ivraie. On posa cette question au maître de la maison: “Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie? Il leur répondit: C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent: Veux-tu que nous allions l’arracher? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai au moissonneur: Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.” Matthieu 13:27-30. Si l’on avait persévéré dans la fidélité et la vigilance, si personne ne s’était laissé aller au sommeil ou à la négligence, l’ennemi n’aurait pas eu l’occasion de semer l’ivraie parmi le bon grain. Satan ne sommeille* jamais. Il est vigilant et il saisit toutes les occasions pour faire semer l’erreur, qui trouve un terrain préparé dans de nombreux cœurs non sanctifiés.

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Ceux qui croient sincèrement à la vérité sont attristés de leurs épreuves sérieusement accrues par des éléments qui se glissent parmi eux pour les décourager et contrecarrer leurs efforts. Mais le Seigneur voudrait apprendre à ses serviteurs une leçon de grande prudence. “Laissez-les croître ensemble, dit-il. N’arrachez point l’ivraie inconsidérément, de peur que vous ne déraciniez en même temps le blé.” Les prédicateurs et les membres d’église devraient montrer beaucoup de prudence, sinon ils feront preuve d’un zèle sans connaissance. On court le danger de trop s’occuper de remédier aux difficultés dans l’Eglise alors qu’elles s’évanouiraient d’elles-mêmes si on les ignorait. C’est une mauvaise politique que de se créer prématurément des problèmes. 11 faut s’exercer à une grande patience et à la maîtrise de soi afin de supporter les difficultés et de ne pas y mettre ordre selon son propre jugement.

L’œuvre qui a été entreprise à X. était prématurée et a provoqué dans cette petite église une séparation avant le temps. Si les serviteurs de Dieu avaient compris la leçon de la parabole de l’ivraie et du bon grain, ils ne s’y seraient pas pris de cette façon. Avant de s’engager dans une direction qui donnera la moindre occasion de se plaindre d’avoir été rejeté de l’église, même à ceux qui sont tout à fait indignes d’y rester, il faudrait toujours examiner la chose avec le plus grand soin et après avoir beaucoup prié.

On a pris à X. des décisions qui ont suscité un parti d’opposition. Certains de ceux qui avaient reçu la Parole du royaume pouvaient être comparés au terrain qui se trouve le long du chemin; d’autres, aux endroits pierreux; d’autres encore, au terrain planté d’épines qui étouffent la semence: ces gens n’auraient jamais atteint la stature parfaite du chrétien. Il y en avait pourtant un petit nombre qui auraient pu être nourris et fortifiés, et qui ainsi auraient été affermis dans la vérité. Mais les positions prises par les frères R. et S. amenèrent une crise prématurée; on a manqué de sagesse et de jugement à l’égard de l’opposition.

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Bien qu’il soit aussi nécessaire que certaines personnes soient séparées de l’Eglise qu’il l’était que Satan fût chassé du ciel, elles trouveront néanmoins des sympathisants. Il y a toujours des gens qui se laissent plus influencer par telle ou telle personne que par l’Esprit de Dieu et des principes raisonnables. Comme ils manquent de consécration, ils sont toujours prêts à prendre le parti de ceux qui ont tort et d’accorder leur pitié et leur sympathie à ceux-là mêmes qui les méritent le moins. Ces gens ont une grande influence; ils présentent les choses sous un faux jour, font beaucoup de mal et causent la ruine de nombreuses âmes. Satan entraîna dans sa révolte le tiers des anges qui se détournèrent du Père et du Fils pour s’unir à l’instigateur de la révolte. Si nous avons ces faits présents à l’esprit, nous agirons avec la plus grande prudence. Que pourrions-nous attendre, sinon des épreuves et des difficultés, avec des gens qui ont un tel état d’esprit? Nous devons les supporter et éviter d’arracher l’ivraie, de peur de déraciner aussi le blé.

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Tatiana Patrasco

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