La parabole de la brebis perdue représente l’amour merveilleux du Christ pour les égarés. Le Sauveur ne se borne pas a rester aupres de ceux qui ont accepté son salut, a leur consacrer ses efforts et a recevoir en retour leur gratitude et leur amour. Le véritable berger laisse son troupeau au bercail et part dans le désert, supporte l’adversité, affronte le danger et la mort, pour chercher et sauver la brebis qui s’est éloignée et qui périra si on ne la ramene a la bergerie. Quand, apres l’avoir cherchée avec soin, il l’a trouvée, le berger, quoique épuisé, endolori et affamé ne la laisse pas, faible comme elle est, le suivre, il ne la pousse pas devant lui; mais, ô merveilleux amour, tendrement il la prend dans ses bras, la place sur son épaule et la ramene a la bergerie. Puis il appelle ses voisins, afin qu’ils se réjouissent avec lui de ce que la brebis perdue est retrouvée.
La parabole du fils prodigue et celle de la drachme perdue nous enseignent la meme leçon. Toute âme que la tentation met en danger cause une souffrance au cour du Christ; elle réclame sa sympathie la plus tendre et ses efforts les plus dévoués. “Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.”
Ces enseignements servent a notre instruction. Le Christ a enjoint a ses disciples de collaborer avec lui dans son ouvre afin qu’ils apprennent a s’aimer les uns les autres, comme il les a aimés. L’agonie qu’il a endurée sur la croix montre la valeur qu’il reconnaît a l’âme humaine. Tous ceux qui acceptent son grand salut s’engagent a etre ouvriers avec Dieu. Nul ne doit s’imaginer etre un favori du ciel et concentrer son intéret et son attention sur soi. Tous ceux qui se sont enrôlés au service du Christ doivent travailler comme il a travaillé lui-meme et aimer ceux qui sont dans l’ignorance et le péché comme il les a aimés.
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Sympathie pour les egares
Mais bien que faisant partie du peuple de Dieu, certains parmi nous manquent de cette sympathie profonde, sincere, qui touche l’âme, et n’ont pas d’amour pour ceux qui sont tentés et qui tombent. Beaucoup ont manifesté une grande froideur et une négligence coupable; ils sont représentés par le Christ comme passant outre et se tenant aussi loin que possible de ceux qui ont le plus besoin d’aide. Celui qui est nouvellement converti doit souvent livrer de rudes combats contre des habitudes enracinées ou une tentation particuliere. Dominé par une passion ou par une tendance puissante, il se rend coupable d’imprudence ou il tombe dans le mal. C’est alors qu’il a besoin de l’énergie, du tact et de la sagesse de ses freres afin de retrouver son équilibre spirituel. C’est a de tels cas que s’appliquent les instructions de la Parole de Dieu: “Freres, si un homme vient a etre surpris en quelque faute, vous qui etes spirituels, redressezle avec un esprit de douceur. Prends garde a toi-meme, de peur que tu ne sois aussi tenté.” Galates 6:1. “Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas, et ne pas nous complaire en nous-memes.” Romains 15:1.
Mais qu’ils sont peu nombreux ceux qui manifestent la tendresse compatissante du Christ. Quand un membre tombe, les autres, trop souvent, prennent la liberté de présenter ce cas sous son plus mauvais jour. Ceux qui sont peut-etre coupables d’aussi grands péchés dans d’autres domaines, traitent leurs freres avec une cruelle sévérité. Des erreurs commises par ignorance, par insouciance ou faiblesse sont exagérées et présentées comme des péchés voulus et prémédités. Tandis que ces membres voient leurs freres aller a la ruine, ils se croisent les mains en disant: “Je vous l’avais dit: Je savais qu’il ne fallait pas avoir confiance en eux.” Ils adoptent ainsi l’attitude de Satan, tout heureux de ce que leurs mauvais soupçons se soient réalisés.
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Nous devons nous attendre a rencontrer et a supporter de grandes imperfections parmi ceux qui sont jeunes et sans expérience. Le Christ nous a ordonné de nous efforcer de ramener avec humilité de telles âmes dans le droit chemin, et il nous tient pour responsables si nous contribuons a les conduire au découragement, au désespoir et a la ruine. A moins de cultiver jour apres jour la plante précieuse de l’amour, nous sommes en danger de devenir étroits, dépourvus de sympathie, bigots et critiques, nous estimant justes alors que nous sommes loin d’etre approuvés de Dieu. Certains manquent de courtoisie, ils sont brusques et durs. Ils ressemblent a l’enveloppe des châtaignes: ou que ce soit qu’on les touche, ils piquent. Ces gens font un mal incalculable en représentant faussement notre Sauveur.
Nous devons élever notre idéal, faute de quoi nous serons indignes du nom de chrétiens. Nous devrions cultiver l’esprit dans lequel le Christ a travaillé pour sauver les pécheurs. Ceux-ci lui sont tout aussi chers que nous. Ils peuvent tout aussi bien devenir des trophées de sa grâce et des héritiers de son royaume. Mais ils sont exposés aux pieges d’un ennemi rusé, au danger et a la souillure et, sans la grâce salutaire du Christ, voués a une ruine certaine. Si nous considérions ce sujet sous son vrai jour, notre zele serait stimulé et nos efforts sinceres et désintéresses se multiplieraient. Nous pourrions ainsi nous approcher de ceux qui ont besoin de notre aide, de nos prieres, de notre sympathie et de notre amour.
Un travail desinteresse
Que ceux qui ont été négligents dans cette ouvre considerent leur devoir a la lumiere du grand commandement: “Tu aimeras ton prochain comme toi-meme.” Cette obligation est pour chacun de nous. Nous devons tous travailler a diminuer les maux de nos semblables et a augmenter leurs bénédictions. Si nous sommes forts en face de la tentation, nous sommes d’autant plus tenus de secourir ceux qui sont faibles et qui tombent. Possédons-nous la connaissance? C’est a nous qu’il appartient d’instruire les ignorants. Dieu a-t-il répandu sur nous des biens terrestres? Il nous faut en faire profiter les pauvres. Nous devons travailler pour le bien des autres. Que tous ceux qui entrent dans la sphere de notre influence bénéficient des biens excellents qui sont en notre possession. Nul ne devrait etre satisfait de se nourrir du pain de vie sans en faire profiter ceux qui l’entourent.
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Ceux-la seuls vivent pour le Christ et honorent son nom qui sont fideles a leur Maître en cherchant a sauver ce qui est perdu. La véritable piété ne manquera pas de manifester le meme désir ardent et les memes efforts sinceres que le Sauveur crucifié afin de sauver ceux pour lesquels il est mort. Si nos cours sont attendris et subjugués par la grâce du Christ, s’ils sont animés du sentiment de l’amour et de la bonté de Dieu, l’amour, la sympathie et la tendresse envers le prochain en jailliront tout naturellement. La vérité agissante dans la vie exercera sa puissance, comme un levain caché, sur tous ceux avec lesquels elle entrera en contact.
Dieu a voulu que pour croître dans la grâce et dans la connaissance du Christ, les hommes suivent son exemple et travaillent comme il a travaillé. Souvent il nous faudra lutter pour contrôler nos sentiments et pour nous abstenir de parler d’une maniere qui décourage ceux qui sont en proie a la tentation. Une vie de priere et de louange quotidiennes, une vie qui éclaire le sentier du prochain, ne peut etre entretenue sans un effort sérieux. Mais cet effort portera des fruits précieux. Il sera en bénédiction non seulement a celui qui reçoit mais encore a celui qui donne.