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Notre seule sauvegarde
Le monde regarde avec satisfaction la désunion des chrétiens; les impies s’en réjouissent. Le Seigneur désire qu’un changement se produise parmi son peuple. L’union avec le Christ et les uns avec les autres est notre seule sauvegarde en ces derniers jours. Ne laissons pas à Satan la possibilité de dire de nos membres: “Voyez comme ces gens, qui arborent la bannière du Christ, se haïssent! Je n’ai rien à craindre d’eux, puisqu’ils passent plus de temps à lutter les uns contre les autres qu’à combattre contre moi.”
Après l’effusion du Saint-Esprit, les disciples partirent proclamer la bonne nouvelle d’un Sauveur ressuscité, et leur seul désir était de sauver des âmes. Ils jouissaient des douceurs de la communion des saints. Affectueux, prévenants, ils étaient disposés à faire n’importe quel sacrifice pour la vérité. Dans leurs relations quotidiennes les uns avec les autres, ils manifestaient l’amour que le Christ leur avait ordonné de révéler au monde. Ils s’efforçaient, par des paroles et par des actes désintéressés, d’allumer la flamme de cet amour dans d’autres cœurs.
Les croyants devaient continuer à cultiver la charité qui remplissait le cœur des apôtres après l’effusion du Saint-Esprit, et aller de l’avant en obéissant au commandement nouveau: “Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.” Jean 13:34. Etroitement unis en Christ, ils seraient rendus capables d’obéir à ses ordres. Ils magnifieraient la puissance d’un Sauveur qui pouvait les justifier par sa justice.
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Mais les premiers chrétiens commencèrent à regarder leurs défauts réciproques. En s’attardant sur leurs fautes, en se livrant à la critique, ils perdirent de vue le Sauveur et le grand amour qu’il avait manifesté envers le pécheur. Ils devinrent plus stricts concernant les cérémonies extérieures, plus pointilleux sur la théorie de la foi, plus sévères dans leurs critiques. Dans leur zèle à condamner leurs semblables, ils oubliaient leurs propres erreurs. Ils négligeaient les leçons d’amour fraternel que leur avait enseignées le Christ, et, ce qui est plus triste, ils étaient inconscients de ce qu’ils avaient perdu. Ils ne comprenaient pas que le bonheur et la joie s’éloignaient d’eux, et que bientôt, ayant banni de leurs cœurs l’amour de Dieu, ils marcheraient dans les ténèbres.
L’apôtre Jean, comprenant que l’amour fraternel disparaissait de l’Eglise, insistait tout particulièrement sur ce point. Jusqu’à sa mort, il supplia les croyants de persévérer dans l’amour. Ses lettres aux églises sont remplies de cette pensée. “Bien-aimés, disait-il, aimons-nous les uns les autres; car l’amour est de Dieu… Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui… Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.” 1 Jean 4:7-11.
Aujourd’hui, l’amour dans l’Eglise fait grandement défaut. Beaucoup de ceux qui prétendent aimer le Seigneur négligent d’aimer leurs frères. Nous avons la même foi, nous sommes membres de la même famille, tous enfants du même Père céleste; nous avons tous la même espérance de participer un jour à la vie éternelle. Combien tendres et étroits devraient être les liens qui nous unissent! Le monde a les yeux sur nous pour se rendre compte si notre foi exerce une influence sanctifiante sur nos cœurs. Il est prompt à discerner nos défauts et les inconséquences de nos actes. Ne lui donnons aucune occasion de mépriser notre religion.
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L’unite, notre meilleur temoignage
Ce n’est pas l’opposition du monde qui nous fait courir les plus grands risques. Le mal que nous gardons dans nos cœurs est bien plus dangereux, et c’est lui qui retarde le plus l’avancement du règne de Dieu. Nous ne pouvons pas affaiblir davantage notre vie spirituelle qu’en étant envieux, en soupçonnant nos semblables, et en nous laissant aller à la critique et à la calomnie. “Cette sagesse n’est point celle qui vient d’en haut; mais elle est terrestre, charnelle, diabolique. Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie. Le fruit de la justice est semé daus la paix par ceux qui recherchent la paix.” Jacques 3:15-18.
L’harmonie, l’union qui existe parmi les hommes aux dispositions diverses est le plus fort témoignage qui puisse être rendu du fait que Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour sauver les pécheurs. C’est à nous qu’il appartient de rendre ce témoignage. Mais pour y arriver, il faut nous placer sous les ordres du Christ. Notre volonté étant soumise à la sienne, nos caractères seront en harmonie avec son caractère. Alors nous marcherons ensemble sans nous heurter.
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Lorsqu’on s’arrête aux petites divergences, on en arrive à des actes qui détruisent la fraternité chrétienne. Ne permettons pas à l’ennemi d’obtenir ainsi l’avantage sur nous. Approchons-nous toujours plus près de Dieu et plus près les uns des autres. C’est ainsi que nous serons des térébinthes de la justice plantés par le Seigneur, et arrosés par le fleuve de vie. Que de fruits nous porterons alors! Le Christ n’a-t-il pas dit: “Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié.” Jean 15:8.
Le Sauveur désire accomplir à notre égard le plan de Dieu dans toute sa hauteur et toute sa profondeur. Même dispersés dans le monde, il faut que les croyants soient un en lui. Mais Dieu ne peut les unir en Christ s’ils ne veulent pas abandonner leur propre voie pour suivre la sienne.
Lorsque nous croirons vraiment à la prière du Christ; lorsque nous mettrons en pratique dans notre vie quotidienne les instructions qu’elle contient, on verra dans nos rangs l’unité d’action. Les frères seront unis aux frères par les chaînes d’or de l’amour du Christ. Seul l’Esprit de Dieu réalisera cette unité. Celui qui se sanctifie lui-même peut sanctifier ses disciples. Unis avec lui, ils seront unis les uns avec les autres dans la très sainte foi. Quand nous lutterons pour obtenir cette unité, comme Dieu le désire, elle nous sera accordée.
Ce n’est pas le nombre de nos institutions, de grands bâtiments et le faste extérieur que le Seigneur agrée, mais l’action harmonieuse d’un peuple particulier, choisi par lui, bien uni et dont la vie est cachee avec le Christ en Dieu. Chacun doit être à sa place, et exercer une bonne influence par ses pensées, ses paroles et ses actes. Lorsque tous les ouvriers du Seigneur feront cela, et pas avant, l’œuvre de Dieu sera parfaite. — Testimonies for the Church 8:183 (1904).*