Témoignages pour l’Eglise, vol. 1 p. 479-482 Jour 119

La seule sauvegarde

La seule sauvegarde est de ne pas toucher, de ne pas goûter, de ne pas avoir à portée de la main le thé, le café, le vin, le tabac, l’opium et les boissons alcoolisées. La nécessité pour les hommes de notre génération d’appeler à leur aide la puissance de la volonté soutenue par la grâce de Dieu, afin de résister à la tentation et de ne pas se permettre le plus léger abandon à un appétit perverti — cette nécessité est deux fois plus grande maintenant qu’il y a quelques générations. Mais nous avons moins de maîtrise de nous que les gens de cette époque. Ceux qui ont satisfait leur goût pour ces stimulants ont transmis leurs appétits dépravés et leurs passions à leurs enfants: aussi faut-il une plus grande force morale pour résister à l’intempérance sous toutes ses formes. La seule sauvegarde consiste à s’établir fermement sur le terrain de la tempérance et à ne pas s’aventurer sur le chemin du danger.

Si le Christ a supporté un aussi long jeûne dans le désert, c’était pour nous enseigner la nécessité du renoncement à soi et de la tempérance. Cette œuvre devrait commencer à notre table et se poursuivre dans toutes les circonstances de la vie. Le Sauveur du monde est descendu du ciel pour aider l’homme dans sa faiblesse, afin que, par la puissance qu’il est venu lui apporter, celui-ci triomphe de son appétit et de ses passions, en étant victorieux sur tous les points.

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Beaucoup de parents donnent de mauvaises habitudes à leurs enfants en leur faisant manger de la viande et boire du thé et du café. Celles-ci préparent le chemin qui conduira à désirer des stimulants plus forts encore, comme le tabac. L’usage de ce dernier amènera celui des liqueurs, et de telles habitudes affaibliront invariablement le système nerveux.

Si le sens moral des chrétiens s’éveillait au sujet de la tempérance en toutes choses, ils pourraient, par leur exemple et en commençant à leur table, venir en aide à ceux qui ont de la peine à se maîtriser et qui sont presque sans force pour résister aux exigences de leur appétit. Les habitudes que nous acquérons en cette vie décideront de notre destinée éternelle. Si nous nous en rendions compte, nous nous efforcerions d’être plus stricts dans notre façon de manger et de boire. Par notre exemple et notre empire sur nous-mêmes, nous pouvons être le moyen de sauver beaucoup d’âmes qui se dégradent par l’intempérance et vont jusqu’au crime et à la mort. Il est possible à nos sœurs, en particulier, de jouer un grand rôle dans le salut de leurs semblables en ne mettant sur leur table que des aliments sains et nourrissants. Elles peuvent employer leur temps à éduquer les goûts et les appétits de leurs enfants, en favorisant l’acquisition d’habitudes de tempérance en toutes choses, en encourageant le renoncement à soi et la bienveillance envers autrui.

Malgré l’exemple que le Christ nous a donné dans le désert de la tentation où il a montré son pouvoir de faire taire l’appétit et de le vaincre, il est bien des mères chrétiennes qui, par leur exemple et leurs manières d’éduquer leurs enfants, préparent ceux-ci à devenir gourmands et, plus tard, buveurs. On permet fréquemment aux enfants de manger ce qu’ils veulent et quand ils le veulent, sans tenir compte de la santé. Il en est beaucoup auxquels on apprend à être gourmands dès l’âge le plus tendre en ne refusant jamais de satisfaire leur appétit. Aussi deviennentils très tôt dyspeptiques. Leur intempérance dans le manger grandit en même temps qu’eux et devient plus forte à mesure qu’ils se fortifient aussi. Leur vigueur mentale et physique est ainsi sacrifiée à cause de l’indulgence des parents. Ils prennent l’habitude d’aimer certains aliments dont ils ne peuvent attendre que du mal. Le système nerveux est trop souvent mis à contribution et l’organisme tout entier s’affaiblit.

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Bienfaits de l’exercice physique

Les prédicateurs, les professeurs et les étudiants ne développent pas leur intelligence comme ils le pourraient s’ils se livraient à l’exercice physique en plein air. Ils négligent ce devoir, qui est essentiel au maintien de la santé. Ils sont toujours penchés sur leurs livres et se nourrissent comme s’ils travaillaient au dehors. Une telle habitude les fait engraisser parce que l’organisme est encombré. D’autres s’affaiblissent parce que leurs forces vitales s’épuisent à se débarrasser de l’excès de nourriture. Le foie est surmené et incapable d’éliminer les impuretés du sang. La maladie survient bientôt. Si l’exercice physique était associé à l’exercice intellectuel, la circulation du sang en serait accélérée, le cœur remplirait plus aisément son office, les éléments toxiques seraient éliminés, et une vie nouvelle ferait sentir ses bienfaits dans chaque partie du corps.

Quand l’esprit des prédicateurs de l’Evangile, des professeurs de nos écoles et des étudiants est sans cesse en action par l’étude, les nerfs qui commandent les émotions* sont sollicités alors que ceux qui commandent les mouvements sont inactifs. Comme ce sont les organes de l’intelligence qui sont toujours mis à contribution, ils sont surmenés et affaiblis, tandis que les muscles perdent leur vigueur faute d’exercice. On n’est pas poussé à faire travailler ses muscles en se livrant à un effort physique, parce que l’exercice semble ennuyeux.

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Qui doit donner l’exemple?

Les ministres du Christ, qui se prétendent ses représentants sur la terre, devraient suivre son exemple et plus que personne acquérir des habitudes de la plus stricte tempérance. Qu’ils vivent la vie du Christ qui a donné à son peuple l’exemple du renoncement, du sacrifice de soi et d’une active bienfaisance. Le Sauveur a vaincu l’appétit à notre profit: c’est pourquoi, en marchant sur ses traces, le prédicateur donnera aux autres un exemple digne d’être imité. Ceux qui n’éprouveront pas le besoin de s’engager dans cette lutte contre l’appétit ne remporteront pas les précieuses victoires qu’ils auraient pu obtenir. Ils deviendront les esclaves de la convoitise qui fait déborder la coupe d’iniquité ici-bas.

Les hommes qui proclament le dernier message d’avertissement au monde, message décisif pour la destinée des âmes, devraient mettre en pratique les vérités qu’ils prêchent aux autres. Il leur faut montrer l’exemple à tous dans le manger et le boire ainsi que dans la pureté de leur conduite. La gourmandise, la satisfaction des passions les plus basses et des péchés hideux sont cachées sous le vêtement de la sainteté par beaucoup de ceux qui se prétendent représentants du Christ sur la terre. Ce sont des hommes qui ont beaucoup de talents naturels, mais qui n’accomplissent pas la moitié de ce qu’ils pourraient faire s’ils étaient tempérants. La satisfaction de l’appétit et des passions obnubile l’esprit, diminue les forces physiques comme elle affaiblit la vigueur morale. Les pensées ne sont pas claires, les paroles manquent de puissance. N’étant pas vivifiées par l’Esprit de Dieu, elles ne peuvent atteindre le cœur des auditeurs.

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Puisque nos premiers parents ont dû quitter le jardin d’Eden pour avoir cédé indûment à leur appétit, notre seul espoir d’y rentrer est de résister fermement à la gourmandise et à la passion. La sobriété dans la nourriture et la maîtrise des passions préserveront l’intelligence, produiront la vigueur mentale et morale, et rendront l’homme capable de se soumettre entièrement au contrôle des plus hautes facultés et de discerner entre le bien et le mal, le sacré et le profane. Tous ceux qui ont réellement compris le sacrifice que le Christ a consenti en quittant le ciel afin de montrer à l’homme comment résister à la tentation, tous ceux-là renonceront volontairement à eux-mêmes et se décideront à prendre leur part des souffrances du Sauveur.

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Tatiana Patrasco

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